vendredi 8 novembre 2013

Accéder à l'information : un parcours du combattant pour un malvoyant


Par Hélène Kudzia, rédactrice invitée sur Nouvelles Lectures

 
 
Lors de sensibilisations ou de formations sur les difficultés d’accès à la lecture des déficients visuels, on est toujours à la recherche d’exemples pertinents pour illustrer nos propos. J’en tiens un très représentatif à mon sens, que je vous livre ci-dessous.

J’ai rencontré il y a quelques jours une étudiante à la recherche d’informations sur l’orientation. Sa journée relate parfaitement comment la recherche d’une information simple pour n’importe quel étudiant s’est transformé en véritable parcours du combattant.

Cette usagère de la médiathèque étudie la litérature et la civilisation anglaise et n’en est pas à sa première année d’université. Elle cherche des informations sur les différentes formations possibles dans ce domaine, universitaires mais pas seulement.

Elle se rend de bon matin au CIO (Centre d’Information et d’Orientation). Un conseiller lui photocopie quelques pages d’une brochure. Il prend soin de faire des photocopies agrandies, mais ce n’est pas écrit assez gros pour qu’elle puisse les lire.

Direction la médiathèque, où elle a appris depuis peu qu’il y a une machine à lire. Elle numérise ses documents, mais se rend compte que le résultat n’est pas optimal et qu’il nécessite ensuite quelques manipulations : sauvegarde sur une clé USB, ouverture du document sur un PC pour y revenir…

Elle se demande alors si elle n’accéderait pas mieux à ce document en consultant la brochure originale au moyen du téléagrandisseur. Si la médiathèque dispose bien d’un téléagrandisseur, son fonds consacré à la formation et à l’emploi ne possède pas cette brochure.

La bibliothécaire qu’elle a sollicitée lui conseille de faire une recherche par mots-clés sur Google. Déception de l’étudiante, qui s’attendait à ce qu’on lui propose une liste de liens répondant à sa demande.
La recherche s’avérant plus compliquée que prévue (l’usagère cherche essentiellement des formations non universitaires), la bibliothécaire propose de faire des recherches qu’elle lui communiquera par mail.

Qu’en penser ?


 Là où un étudiant lambda aurait accéder en quelques minutes à l’information, cette étudiante n’a pas eu ce qu’elle cherchait à la fin de sa journée.

On pourrait penser hâtivement que le fait que cette personne utilise à la fois le gros caractères et l’audio lui donne accès plus rapidement à l’information que si elle n’utilisait que l’audio, mais on voit bien par cet exemple que ce n’est pas forcément le cas.

Un bon équipement et une bonne maîtrise de l’outil informatique auraient permis à cette étudiante d’accéder aux brochures pour lesquelles elle a eu des photocopies directement sur internet. Mais elle a, comme beaucoup d’aveugles et de malvoyants, peur des fichiers PDF. En effet, les fichiers PDF en mode image ne sont pas d’emblée lisibles avec une revue d’écran (une synthèse vocale et / ou une plage braille) ; il faut les traiter au moyen d’un logiciel de reconnaissance de caractères avant de pouvoir les lire.

Cette étudiante m’a dit : « l’université n’est pas adaptée pour les malvoyants ». Je n’ai pu m’empêcher de penser que les choses sont beaucoup plus simples aujourd’hui qu’elles ne l’étaient dans le passé : tous les enseignants savent ce qu’est un ordinateur, utilisent le mail pour communiquer avec leurs étudiants, leur envoient des documents par ce biais…

Il s’avère donc indispensable que les étudiants déficients visuels maîtrisent parfaitement l’outil informatique : gérer des documents et des pièces-jointes aux courriels, décompresser des fichiers, lire des documents PDF… doivent être des opérations qui ne leur posent aucun problème. Ils représentent encore trop souvent une perte de temps considérable pour beaucoup d’entre eux.

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